dimanche 22 novembre 2009

Dimanche 22 novembre

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Manifestation. Les précaires ne veulent plus être un numéro
22 novembre 2009

Absence de reconnaissance sociale, isolement, pauvreté : le collectif contre la précarité a des choses à dire et veut les faire entendre. Hier, ils ont occupé la mairie toute la journée et ils recommencent aujourd'hui.

Le vent et la pluie horizontale ont eu raison des velléités pédestres de manifestation du collectif des précaires, mais pas du reste. Àl'heure du café, dans le hall d'honneur de la mairie, ils sont une grosse trentaine à discuter de l'avenir de ce mouvement qu'ils disent «spontané» et ne regroupant «que des volontés individuelles». Ici, pas de mot d'ordre précis, pas de revendication radicale mais un socle commun en train de se bâtir autour de ce groupe dont le premier effet bénéfique «est de briser notre isolement. Ensemble, on se sent plus fort et ça nous fait un bien fou. Aujourd'hui, j'ai la pêche», témoigne cet homme baladé de foyer en foyer, fatigué du discours ambiant qu'il entend en permanence. «Où que nous allions, nous entendons que nous sommes des profiteurs, que nous sommes des fainéants, que si nous en sommes là, c'est que nous l'avons bien cherché», explique-t-il.

Le mur des administrations

Le manque de considération ressenti par ces hommes et femmes est l'un des principaux moteurs à cette contestation qui les a conduits à occuper la mairie et à y dormir, dans la nuit de vendredi à samedi. «Moi, reprend cette femme, je travaille par intermittence. Dans les administrations, type Pôle Emploi, nous ne sommes que des numéros. On est mal accueilli et le temps des entretiens est limité à 20minutes. Comment voulez-vous que nous expliquions notre situation en si peu de temps?», continue celle qui vit à Brest et à qui on propose des postes à Quimper, «soit 300€ d'essence par mois».

Le combat continue

Dans le hall de la mairie, la prochaine assemblée générale va débuter, en présence d'une cinquantaine de personnes dont des étudiants, des chômeurs, «mais aussi des travailleurs pauvres». C'est cette réunion qui déterminera les prochaines actions de ce collectif soudé, qui dénonce encore l'omnipotence des banques mais aussi le manque d'implication de certaines structures caritatives dans la lutte contre les causes de la précarité. «Ils gèrent les conséquences mais pas les raisons», avance-t-on encore. À l'issue de ce conseil, le collectif a décidé de ne pas baisser les armes et de rester dormir une deuxième nuit en mairie, «parce que c'est la maison de tous, la maison communale». Aujourd'hui, ils tracteront sur les marchés, discuteront, organiseront en mairie un goûter «festif» à 17h, «ouvert à tous» puis se réuniront encore. Après, ils verront. À chaque jour suffit sa peine.

Steven Le Roy

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