Jeudi 16 décembre le collectif brestois en marche contre l'injustice sociale s'est invité au Forum de l'insertion au Quartz de Brest.
Il nous paraissait évident qu'un tel forum, sur le thème "18 mois de RSA, période d'essai...", en présence de "hautes personnalités" telles que Pierre Maille, président et Richard Ferrand, vice -président délégué à l'insertion, du conseil général, Nathalie Hanet, qui travaille à la direction générale de Paule Emploi, de la directrice de la CNAF... et de tous les acteurs de l'insertion du département, ne pouvait avoir lieu sans la présence et la participation de personnes concernées : les PRECAIRES !
Nous avons donc décidé de bousculer leur petit rond rond habituel et de perturber la grande messe :
Intervention au 5ème Forum de l'insertion au Quartz de Brest
Jeudi 16 décembre 2010
Jeudi 16 décembre 2010
Chômeurs, étudiants, salariés précaires, allocataires du RSA, nous sommes venus sans cartons d'invitation au Forum de l'insertion. Nous sommes venus vous renforcer. Renforcer votre crédibilité, car comprenez bien qu'un forum organisé sur le RSA sans allocataires du RSA, ça nous pose question. Nous souhaitons intervenir et participer à ce forum de l'insertion pour éviter que ne triomphe la langue de bois.
Paroles de précaires contre paroles d'experts.
Laissez-nous vous raconter. Tourner en rond, de rendez-vous en rendez-vous, de standards en standards, de formations en formations. Laissez-nous vous raconter. Allers-retours, de la Fac à l'intérim, de l'intérim au chômage, du temps partiel au RSA. Tout ça pour mimer la bonne volonté, la bonne foi, la vraie motivation. Tout ça pour mériter les miettes que vous voulez bien nous laisser.
Parce que si nous avions le choix, ensemble, nous ferions tout autre chose que de courber l'échine à ramasser des échalotes, ou nettoyer des bureaux de cadres dynamiques. Nous ferions tout autre chose que de harceler les gens avec des histoires de promotion et de services après-vente. Nous ferions tout autre chose que de construire des logements que nous ne pourrons jamais acheter. Parce qu'à force de réduire le travail à des tâches d'exécution, celui-ci est souvent devenu plus absurde que jamais.
Parce que si nous avions le choix, ensemble, nous ferions tout autre chose que de gaspiller des journées entières à chercher des boulots précaires et aliénants au possible. Nous refusons le racket : soit tu n'es pas un parasite, tu acceptes n'importe quel emploi et tu reçois tes indemnités ; soit tu es un mauvais pauvre, tu veux choisir ta vie et tu vas devoir batailler pour les garder. Nous voulons avoir prise sur nos choix de travail. Et, on voit que votre contrôle et vos radiations, c'est pour nous faire accepter n'importe quoi.
Paroles d'experts contre paroles de précaires.
Vous allez encore nous répondre que vous n'êtes pas responsables, qu'on ne vient pas frapper à la bonne porte, que c'est la faute du gouvernement, des députés, ou d'on ne sait qui. C'est ce qu'on nous répond, toujours, lorsqu'on vient frapper à la porte de la mairie, de la CAF, de l'Hôtel des impôts. En fait, votre degré de responsabilité, on s'en fout. Ce n'est pas notre problème. Vous n'êtes peut-être pas l'unique responsable de notre précarité, mais vous êtes dans tous les cas, un maillon de la chaîne. Un maillon de cette chaîne qui nous exploite, nous précarise, et nous pompe notre fric de part et d'autre.
Nous avons déposé une liste de revendications à la CAF, interpellé la direction régionale du Pôle Emploi, occupé la mairie de Brest pour exprimer un ras-le-bol. Pas une seule réponse. Nous n'avons eu que du mépris. Nous avons rencontré des conseillers du Pôle Emploi, qui aujourd'hui sont en lutte contre les directives du Pôle Emploi. Nous avons soutenu Martine Mégret dans sa lutte pour son CDI. Là non plus, pas une seule réponse.
Vous, experts de la précarité, vous allez faire des tables rondes entre experts, mettre en place des forums et autres mises en scène sur un sujet, le RSA, dont vous savez pertinemment que c'est une fumisterie, un fiasco pour tous, d'un coté du guichet comme de l'autre. Et après ça vous allez nous faire croire, vous, experts dans la gestion de la précarité, que vous faites ce qui est en votre pouvoir pour répondre aux besoins des chômeurs, des précaires ? Vous voulez nous faire croire que vous nous aidez en nous orientant vers des boites de coaching, simples entreprises de sous-traitance des chômeurs ? Combien de contrats précaires à Pôle Emploi, à la CAF, et dans tous les organismes d'insertion ? Combien d'emplois aidés à la municipalité brestoise ou au CG 29 ?
Écoutez-nous, arrêtez de nous prendre pour des buses, de nous faire croire que nos revendications sont puériles et utopiques !
Le collectif « en marche contre l'injustice sociale »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire